Un an jour pour jour après sa nomination en tant que Premier ministre et chef du gouvernement de la République de Guinée, Amadou Oury Bah, plus connu sous le nom de Bah Oury, voit son bilan largement critiqué, notamment sur les questions des droits de l’homme et de la liberté d’expression.
Difficile d’être exhaustif, mais un constat s’impose : la situation des médias et des libertés fondamentales s’est fortement dégradée sous sa gouvernance. Un paradoxe pour celui qui fut l’un des précurseurs et membres fondateurs de l’OGDH (organisation de défense des droits de l’homme et des citoyens en Guinée).
Une presse muselée, des voix réduites au silence
L’une des décisions les plus controversées de cette année de gouvernance reste la fermeture de trois groupes de médias parmi les plus influents du pays. Ces fermetures, survenues sans justification convaincante, ont privé des centaines de journalistes de leur emploi et plongé de nombreuses familles dans la précarité.
« Chaque employé de ces entreprises représentait un espoir pour sa famille », déplorent plusieurs observateurs du secteur. Ce constat a d’ailleurs été souligné dans le rapport annuel du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG), qui a qualifié l’année 2024 d’« année d’obscurantisme » pour les professionnels de l’information.
Arrestations et répressions : un climat de tension croissante
L’année 2024 n’a pas été seulement marquée par des atteintes à la liberté de la presse. Elle a aussi vu une recrudescence des enlèvements, kidnappings et arrestations arbitraires. Le cas du journaliste Habib Marouane Camara et de plusieurs figures de la société civile, telles que Billo Bah, Foniké Mengué et Abdoul Sacko, illustre cette dérive sécuritaire.
Pour de nombreux défenseurs des droits humains, il est préoccupant de constater que ces événements se déroulent sous l’autorité d’un homme qui, dans le passé, s’était opposé à l’injustice et à l’arbitraire, notamment en 2009 sous la junte du capitaine Moussa Dadis Camara.
Un dialogue politique au point mort
Autre déception : l’absence de réelles initiatives en faveur de l’apaisement politique et social. En tant que premier ministre et promoteur du dialogue national, Bah Oury n’a lancé aucun processus significatif visant à décrisper le climat sociopolitique, malgré les tensions persistantes entre le CNRD et les différentes forces vives du pays.
Face à ce tableau sombre, une question demeure : a-t-il encore le temps de redresser la barre ?
Un dernier sursaut encore possible ?
Alors que son avenir politique semble de plus en plus incertain, Bah Oury a-t-il encore les moyens de se racheter ? Certains estiment que tout n’est pas encore perdu, à condition qu’il prenne des décisions fortes pour renouer avec les principes qu’il défendait autrefois.
Il lui reste une opportunité : « changer le changement » ou « refonder la refondation » avant que l’histoire ne se referme sur lui avec une serrure de honte, de regrets et de désenchantement.
BAH MAMADOU ALPHA